Rédiger une offre d’emploi paraît simple. Pourtant, certaines erreurs inattendues peuvent s’immiscer. Et surtout, vous coûter des candidatures potentiellement qualifiées.
Une annonce d’emploi, ce n’est pas juste un texte pratique. Encore moins une fiche de poste. C’est une vitrine. Un miroir. Parfois déformant.
Et en 2025, les candidats ne lisent plus seulement les missions ou les avantages. Ils lisent entre les lignes.
Tournures, vocabulaire, ton, ou omissions… Tout compte. Tout parle pour votre culture, vos attentes et y compris vos angles morts.
Avec Oriane Santhasouk, coach de la communauté LEDR (L’Ecole Du Recrutement), nous avons passé en revue tout ce que vos annonces peuvent révéler, même à votre insu.
Son mot d’ordre ? “Une bonne annonce ne cherche pas à plaire à tout le monde”.
Parce que oui, une annonce efficace doit autant attirer que filtrer. Justement, cet article vous partage tout ce qu’il faut avoir en tête avant de cliquer sur "publier", si vous ne voulez pas faire fuir ceux que vous cherchez à recruter.
5 erreurs rédactionnelles à bannir de vos offres d’emploi
Ce ne sont pas toujours les grandes maladresses qui font fuir les candidats.
Ce sont aussi des formulations en apparence anodines, ou des habitudes rédactionnelles qui viennent alors semer le doute et brouiller le message.
Voici tout ce qu’on lit encore aujourd’hui dans les offres et qu’il est temps de repenser.
- “Nous sommes une entreprise à taille humaine et leader de notre marché.”
Ces expressions sont tentantes car elles semblent rassurantes. Sauf qu’à force d’être galvaudées, elles sonnent creux. Le lecteur n’y voit qu’un vernis marketing sans preuve.
La touche perso d’Oriane : remplacez ces formules banales par des faits. Combien de collaborateurs ? Quelle organisation ? Quels chiffres concrets ?
- “Vous interviendrez sur des projets en méthode Agile avec le PO sur la roadmap Q4.”
Les anglicismes, acronymes ou autre jargon peuvent faire gagner du temps en interne, certes, mais dans une offre d’emploi, ils érigent une barrière. Un vocabulaire trop technique ou trop codé donne l’impression d’un univers fermé, où l’on doit déjà connaître les règles pour postuler.
La touche perso d’Oriane : préférez un langage compréhensible par une personne qui ne connaît pas votre entreprise.
- “Recherche candidat motivé, polyvalent et autonome.”
C’est ce que l’on appelle des “compétences fourre-tout”. Ces termes flous sont omniprésents et inefficaces. Ils donnent l’image d’une entreprise qui ne sait pas exactement ce qu’elle attend.
La touche perso d’Oriane : reliez chaque compétence à une situation de travail concrète. “Bon relationnel” devient “capacité à collaborer avec les équipes commerciales sur des sujets transverses”, par exemple.
- “Vous devrez maîtriser l’outil Wordpress, animer notre page Instagram, parler espagnol couramment et gérer la comptabilité.”
Un grand classique. Celui du mouton à 5 pattes ou de la “liste de Noël”, autrement dit, une accumulation de critères qui dressent un portrait de candidat idéal, mais clairement introuvable. Résultat : les meilleurs profils s’auto‑censurent.
La touche perso d’Oriane : distinguez les incontournables des “bonus”. Et précisez-le dans l’annonce. Cela ouvre la porte à des profils qui ne cochent pas toutes les cases, mais qui peuvent apprendre.
- “Nous sommes, nous avons, nous faisons.”
Trop d’annonces parlent uniquement de l’entreprise. Au point d’en oublier d’aborder ce que le poste apportera au candidat. On est face à une sorte de nombrilisme rédactionnel, une distance qui réduit l’attrait, forcément.
La touche perso d’Oriane : faites un gros focus sur ce que vous proposez. Montrez au lecteur ce qu’il va vivre, apprendre, développer. Une offre, c’est un échange. Misez sur le “vous”, plus que le “nous”.
Pour finir, il circule une idée reçue selon laquelle “personne ne lit les annonces” et qui pousse des entreprises à rédiger des offres trop brèves. Le problème, c’est que sans contexte, sans informations concrètes, le candidat ne peut pas se projeter.
Écrire une annonce est un art à part entière. Car non, une fiche de poste n’est pas une offre d’emploi. La fiche est un document RH. L’annonce, elle, est un outil de communication externe. Un véritable support marketing. D’ailleurs, côté anglo-saxon, on la nomme “job ad” (ad = publicité).

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Quand les biais (parfois invisibles) s’invitent dans l’annonce
On s’imagine éviter les discriminations en se tenant aux 26 critères légaux. Mais la réalité est plus subtile et plus insidieuse.
Quelques formulations, sans être illégales, créent un effet d’exclusion. Et ce, alors que l’on croit bien faire. Or, elles en disent plus long que prévu.
5 exemples courants qui posent problème selon Oriane :
- Employer l’expression “jeune et dynamique”
Il s’agit de l’un des marqueurs les plus exclusifs pour les profils seniors. Elle suggère qu’au-delà d’un certain âge, on ne correspond plus à une norme attendue. Mieux vaut parler d’état d’esprit, de rythme ou de contexte de travail si nécessaire, sans conditionner à l’âge. - S’approprier un univers geek, fun ou “super-héros”
Dans les annonces tech ou start-up, les métaphores liées aux jeux vidéo ou à l’univers des geeks sont fréquentes. Erreur ! Adopter le langage d’une communauté pour la séduire n’est pas si judicieux, ça ferme la porte à d’autres non initiés ou peu réceptifs. - Utiliser le “tu”
Vouloir casser les codes en tutoyant le lecteur peut paraître moderne. Ce choix de ton peut freiner des profils plus seniors, peu familiers de cette approche. Si vous choisissez le tutoiement, assumez-le en cohérence avec la culture réelle. Sinon, restez sur un vouvoiement plus universel. - Viser des tournures masculines
Des formulations telles que “meneur d’hommes”, “leadership fort” ou “capitaine d’équipe” renforcent une image genrée de la fonction. Elles peuvent décourager des femmes à postuler, même inconsciemment. Parlez de posture, de méthode, de capacité à fédérer, sans tomber dans les stéréotypes. - Miser sur l’humour ou l’implicite
Abuser des figures de style, du second degré ou des tournures floues, c’est une pratique peu recommandable. C’est garantir une lecture plus difficile pour les personnes neuroatypiques (TDAH, TSA…) qui ont besoin de clarté. Plus c’est factuel, mieux c’est ! Décrivez les missions, littéralement. Cela rend l’annonce plus accessible à tous.
D’après Oriane, une règle simple doit guider chaque annonce : rester neutre et factuel.
Avant de publier, posez-vous cette question : “Est-ce que mes mots peuvent être interprétés de plusieurs façons ?”
Si la réponse est oui, reformulez. Une annonce claire est une annonce inclusive.

Fausses promesses, fausse annonce ? Comment ne pas tomber dans ce piège ?
Une annonce d’emploi est plus qu’un levier d’attraction. C’est un signal d’alignement. Une promesse. Et parfois, malheureusement, une source de dissonance.
Quand l’annonce enjolive ou présente une culture qui n’existe pas, le retour de bâton est inévitable. Alors, comment détecter ces écueils et les rectifier ?
Déjouer les mots qui sonnent faux
Certaines tournures, bien intentionnées, deviennent problématiques dès qu’elles ne traduisent pas la réalité.
Par exemple :
- “Valeur d’entrepreneuriat” dans un environnement où le micromanagement est roi,
- “Esprit d’équipe” dans une culture très silotée,
- “Flexibilité” dans des conditions figées,
Le candidat entre avec une image, puis se heurte à la vérité. Résultat : frustration, désengagement, voire départ rapide. Le décalage peut être violent pour lui, à juste titre.
L’annonce est un fragment de culture. Elle ouvre une fenêtre sur ce qu’il se vit dans l’entreprise. Pour Oriane c’est évident : l’interne doit se retrouver dans l’externe au risque que la marque employeur sonne faux.
Réfléchir avant de rédiger l’offre d’emploi
Parce qu’il n’est pas question de copier-coller la partie “à propos” de votre site carrière, avant de rédiger une annonce, un travail s’impose : celui de formaliser votre culture réelle.
Pour croiser discours et réalité, Oriane suggère quelques questions simples :
- Comment sont prises les décisions ?
- Que valorise-t-on ? Que sanctionne-t-on ?
- Où se situent les marges de manœuvre, les zones de rigidité ?
- Quelles sont vos vraies valeurs vécues ?
Ce travail de clarification, c’est la base. Sans lui, impossible de rédiger une annonce cohérente. Une offre bien écrite est d’abord une offre bien alignée.
Checklist de l’offre d’emploi idéale
Un dernier réflexe utile : passer son annonce au crible.
Voici 8 questions pour tester la clarté, l’alignement et l’impact de votre offre d’emploi.
- Le vocabulaire est-il concret, compréhensible par tous ?
- Est-ce que chaque compétence demandée correspond à une tâche réelle du poste ?
- L’annonce parle-t-elle du candidat autant que de l’entreprise ?
- Ai-je évité les mots creux ou clichés (dynamique, motivé, etc.) ?
- Ai-je fait le tri entre le nécessaire et le “nice to have” ?
- L'annonce est-elle accessible à tous les profils (âge, genre, neurodiversité) ?
- Ai-je vérifié l’adéquation entre ce que je promets et ce que je propose réellement ?
- Mon annonce donne-t-elle envie à la bonne personne de postuler, et aux autres de passer leur chemin ?
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