Vous êtes en CDD et une opportunité en CDI se présente ? Vous envisagez de rompre votre contrat avant son terme, mais vous ne savez pas si c’est possible, ni dans quelles conditions ? Pour une rupture d’un CDD à l’initiative du salarié, il ne suffit pas d’annoncer son départ : la loi prévoit des cas bien précis pour que cette rupture soit considérée comme légale. On fait le point dans cet article !
Rupture d’un CDD à l’initiative du salarié : quelles sont les règles à connaître ?
Un salarié peut-il rompre un CDD avant son terme ?
En principe, le contrat à durée déterminée (CDD) engage le salarié jusqu’à la date prévue de fin de contrat. Contrairement au CDI, il ne peut pas être rompu librement par simple démission. Toutefois, le Code du travail prévoit quelques exceptions bien précises qui permettent effectivement au salarié de mettre fin à un CDD de manière anticipée.
Les cas de démission autorisés par le Code du travail
Selon l’article L1243-2 du Code du travail, un salarié peut rompre un CDD avant son terme dans les situations suivantes :
- accord commun entre le salarié et l’employeur ;
- faute grave de l’employeur (harcèlement, non-paiement du salaire, etc.) ;
- cas de force majeure (événement imprévisible et insurmontable) ;
- inaptitude du salarié, constatée par un médecin du travail ;
- obtention d’un CDI dans une autre entreprise
Bon à savoir : En dehors des cas autorisés, un salarié peut être condamné à des dommages et intérêts envers l’employeur, sauf si celui-ci accepte la rupture à l’amiable.

Gestion RH
Centralisez, simplifiez, optimisez vos tâches RH. Libérez du temps pour vos équipes RH et optimisez chaque processus avec une solution complète et flexible.
Quelles options si le CDD prévoit une clause de rupture anticipée ?
Il faut savoir que certains CDD possèdent une clause de rupture anticipée spécifique, notamment dans le cas des contrats saisonniers ou d’usage. Cette clause doit être claire, précise et conforme au droit du travail.
Si une telle clause est prévue, elle peut encadrer les conditions d’une rupture anticipée (durée de préavis, motifs acceptables, indemnités éventuelles). Toutefois, aucune clause contractuelle ne peut élargir les motifs autorisés par la loi : elle ne peut donc pas prévoir une "démission libre" du salarié en dehors des cas prévus par le Code du travail.
Le salarié en CDD dispose de peu de marges pour rompre son contrat sans risques financiers, sauf en cas de CDI ou de faute de l’employeur.
Les droits et obligations du salarié en cas de rupture anticipée d’un CDD
Préavis à respecter après la notification
En cas de rupture anticipée de CDD à l’initiative du salarié justifiée par la signature d’un CDI, le salarié est tenu de respecter un préavis équivalent à un jour par semaine, calculé selon :
- la durée totale initialement prévue du CDD ;
- OU la durée déjà effectuée, si elle est plus courte.
Par exemple, pour un CDD de 4 mois, le préavis sera de 17 jours ouvrés maximum. Ce préavis ne peut pas excéder 2 semaines (quelle que soit la durée du contrat) et ce délai débute dès la notification à l’employeur de la démission.
Bon à savoir : Durant cette période, le salarié doit continuer à exécuter ses missions, sauf accord avec l’employeur pour écourter ou supprimer le préavis. Le non-respect de cette obligation peut être assimilé à un abandon de poste ou une rupture abusive.
Lettre de rupture CDD : contenu et modèle
Pour qu’une rupture anticipée de CDD soit valable, elle doit impérativement être formalisée par écrit. Elle doit inclure les éléments suivants :
- l’objet de la lettre (« Rupture anticipée du CDD ») ;
- le motif légal de la rupture ;
- la date d’envoi et la date envisagée de fin de contrat, en tenant compte du préavis ;
- une formule de politesse professionnelle.
On conseille de l’envoyer par courrier recommandé avec accusé de réception ou via une remise en main propre contre signature. L’email seul n’est pas recommandé, sauf s’il est suivi d’un échange écrit ou signé.
Modèle simplifié de lettre :
Madame, Monsieur,
Je vous informe de ma décision de rompre de manière anticipée mon contrat à durée déterminée, signé le [date de début], en vertu de [motif légal].
Mon préavis, conformément à la loi, débutera le [date] pour se terminer le [date].
Je reste disponible pour assurer la continuité de mes missions jusqu’à la date de fin prévue.
Veuillez agréer, Madame, Monsieur, l’expression de mes salutations distinguées.
Rémunération et documents de fin de contrat
À la fin du contrat, et ce même en cas de départ anticipé autorisé, l’employeur doit remettre au salarié :
- le solde de tout compte (salaire, congés payés, etc.) ;
- un certificat de travail ;
- l’attestation Pôle emploi pour les droits au chômage, le cas échéant.
En cas de départ anticipé, la prime de précarité (10 % de la rémunération brute) n’est pas due au salarié : elle est versée seulement si un accord collectif plus favorable le prévoit ou en cas de rupture d’origine patronale.
Sanctions éventuelles en cas de rupture abusive
Si un salarié rompt son CDD en dehors des cas prévus par la loi, il s’expose à des sanctions civiles. En effet, l’employeur peut alors saisir le conseil de prud’hommes pour demander des dommages et intérêts en réparation du préjudice subi.
Le montant est ensuite apprécié par les juges au cas par cas : il dépend de la durée restante du contrat, des conséquences sur l’activité de l’entreprise, mais aussi de la bonne ou de la mauvaise foi du salarié.
Bon à savoir : Une rupture anticipée injustifiée peut également compromettre l’accès à l’assurance chômage si elle est assimilée à une démission sans motif légitime.

Quelles conséquences pour l’employeur et l’entreprise ?
Impact sur la gestion RH et le planning
Lors d’une rupture de CDD à l'initiative du salarié (même dans un cadre légal), cela vient bousculer la gestion des ressources humaines, surtout si le contrat visait à répondre à un besoin ponctuel. En effet, d’après Dares en 2023, près de 87 % des CDD sont conclus pour remplacement ou surcroît d'activité.
Autrement dit, ces contrats répondent souvent à des situations urgentes ou critiques pour l'entreprise : absence d’un salarié clé, pic de production, lancement de projet, etc. Une rupture anticipée oblige alors le service RH à réagir vite, parfois dans l’urgence, pour recruter un remplaçant ou réorganiser les équipes.
Effets sur l’organisation interne et la charge de travail
La démission d’un salarié en CDD désorganise aussi souvent le fonctionnement interne, surtout dans les petites équipes. Quand un salarié quitte son poste avant la date prévue, cela vient avec :
- une augmentation de la charge de travail pour les autres collaborateurs ;
- un temps de formation ou de passation raccourci, voire inexistant ;
- plus de pression sur les encadrants pour combler le vide.
On peut aussi observer du mécontentement en interne, surtout si la rupture s’enchaîne avec d’autres départs ou si l’équipe se sent abandonnée au dernier moment !
Bon à savoir : L’employeur n’est pas obligé d’accepter une rupture anticipée hors cause légitime. En cas de litige, le Conseil de prud’hommes est compétent.
Téléchargez notre modèle de courrier de rupture de CDD
Cas particuliers de rupture d’un CDD côté salarié
L’embauche en CDI motivant la rupture
La raison la plus courante pour une rupture de CDD à l'initiative du salarié, c’est l’embauche en contrat à durée indéterminée (CDI) dans une autre entreprise. Comme nous l’avons mentionné plus haut, cette opportunité professionnelle est expressément prévue par le Code du travail.
L’objectif de cette disposition est clair : ne pas pénaliser un salarié qui saisit une chance de stabilité professionnelle. Attention toutefois, un simple entretien d’embauche ou une promesse orale ne suffisent pas à justifier une rupture valide !
La période d’essai dans un CDD longue durée
Contrairement aux idées reçues, la période d’essai existe aussi dans un CDD, à condition qu’elle soit prévue dans le contrat. Sa durée varie selon la durée initiale du CDD :
- 1 jour par semaine de contrat, avec un maximum de 2 semaines pour un CDD ≤ 6 mois ;
- jusqu’à 1 mois pour un CDD > 6 mois.
Pendant cette période, le salarié peut rompre librement le contrat, le tout sans justification particulière ni obligation de préavis long. Le salarié peut ainsi tester le poste ou revenir sur son choix sans engager de procédure complexe. C’est particulièrement utile dans le cas des CDD de longue durée (9 mois, 12 mois ou plus), qui engagent davantage les deux partis.
Les motifs personnels impérieux reconnus par les juges
Le Code du travail ne prévoit pas explicitement la rupture anticipée d’un CDD pour "motif personnel". Cependant, la jurisprudence admet certains cas exceptionnels dans lesquels un salarié peut rompre son contrat sans être sanctionné.
Par exemple, les tribunaux ont déjà reconnu comme motifs légitimes :
- le déménagement contraint pour suivre un conjoint muté ;
- une situation de harcèlement moral avéré ;
- une grossesse compliquée ou un contexte familial critique (garde d’enfant, maladie grave d’un proche).
Ces situations doivent cependant être clairement justifiées et (idéalement) accompagnées de pièces justificatives. En cas de doute, mieux vaut s’adresser à un conseiller juridique ou à l’inspection du travail pour éviter tout risque de rupture abusive.
Demandez une démo de notre solution RH pour sécuriser les ruptures et transitions contractuelles
Digitalisation RH : comment Kelio peut sécuriser et fluidifier la gestion des CDD
Kelio permet aux services RH de gérer les contrats à durée déterminée avec plus de fiabilité, de réactivité et de sérénité ! Notre logiciel RH répond aux enjeux précis de votre métier avec des fonctionnalités précises :
- Automatisation du suivi des contrats temporaires : dès qu’un CDD est créé dans Kelio, toutes les informations clés sont automatiquement enregistrées. Vous visualisez en un clin d’œil l’ensemble de vos CDD dans un tableau de bord clair, filtrable par service, site ou statut.
- Notifications intégrées pour les fins et ruptures anticipées : Kelio vous envoie des notifications automatiques aux moments clés. Les RH comme les managers sont informés en temps réel, avec des rappels configurables selon vos besoins.
- Centralisation des échanges et documents légaux : chaque salarié en CDD dispose d’un dossier numérique complet. Tout est centralisé dans un espace unique, sécurisé et accessible. Et grâce à l’option e-signature, les documents peuvent être signés à distance en quelques clics.
- Vision RH globale pour mieux anticiper les besoins : avec son reporting et ses tableaux de bord personnalisables, Kelio vous aide à identifier facilement les services en tension et les renouvellements à anticiper.
Découvrez nos solutions RH pour mieux gérer vos contrats courts
Quelles sont les conditions pour rompre un CDD quand on est salarié ?
Un salarié peut rompre son CDD avant le terme uniquement dans les cas suivants : accord avec l’employeur, faute grave de l’employeur, force majeure, embauche en CDI ou inaptitude médicalement constatée.
Quels sont les risques si je romps mon CDD sans motif légitime ?
Une rupture anticipée sans motif légal peut être considérée comme abusive. L’employeur peut alors demander des dommages et intérêts devant le conseil de prud’hommes.
Quels droits après la rupture d’un CDD à l’initiative du salarié ?
Le salarié perçoit son salaire dû, ses congés payés non pris, mais pas la prime de précarité. Les droits au chômage dépendent ensuite du motif de la rupture.
Peut-on bénéficier du chômage après une rupture de CDD à l’initiative du salarié ?
Oui, si la rupture est justifiée par une embauche en CDI (ou un autre motif reconnu) et que vous remplissez les conditions d’affiliation. Sinon, l’accès à l’ARE peut être refusé par Pôle emploi.