La santé et la sécurité au travail représentent des enjeux majeurs pour toute organisation, quelle que soit sa taille.
Pourtant, la mise en place du Document Unique d'Évaluation des Risques Professionnels (DUERP) reste souvent perçue comme une simple contrainte réglementaire qui n’est pas toujours respectée ; puisque selon une étude de la Dares réalisée en 2019, moins de la moitié des entreprises françaises avaient élaboré ou actualisé leur document unique au cours des 12 mois précédant l’enquête.
Parallèlement, la prévention des risques professionnels est un enjeu majeur pour protéger les salariés et améliorer la sécurité. En 2023, près de 600 000 accidents du travail ont été enregistrés et les risques psychosociaux (RPS) sont toujours un sujet présent dans les entreprises.
Comment transformer ce document unique d'évaluation des risques en un outil efficace et opérationnel au service des employeurs et des collaborateurs ? Cet article propose un guide complet pour comprendre, appliquer et exploiter le DUERP de manière optimale.
Le DUERP : une contrainte légale …
Quelles sont les entreprises concernées ?
Toutes les entreprises, à partir du premier salarié, ont l'obligation d'établir un document unique. Ce document doit recenser l'ensemble des risques professionnels présents dans l'établissement et proposer des actions pour les prévenir.
Quel est son contenu ?
Le DUERP doit contenir :
- Une description des unités et postes de travail.
- Une identification et une analyse des risques.
- Une hiérarchisation des dangers.
- Un plan d’actions correctives et préventives.
- Un calendrier de mise à jour.
Sur quel support ?
Le document unique d'évaluation des risques professionnels peut être réalisé sur support papier ou dans un format numérique.
📌 Bon à savoir : La loi Santé du 2 août 2021 prévoyait qu’à compter de juillet 2024, toutes les entreprises devraient téléverser leur DUERP sur une plateforme numérique dédiée. La plateforme n’est pas disponible, cet impératif n’est donc plus d’actualité.
Quelle que soit la forme choisie (papier ou numérique), le document unique doit avant tout être cohérent et regrouper sur un seul support les données issues de l'analyse des risques. Le document doit permettre un suivi de la démarche de prévention des risques. La forme choisie pour le document doit répondre à une exigence de traçabilité afin d’assurer un report systématique des résultats de l’évaluation des risques.
La digitalisation du document unique d'évaluation des risques offre plusieurs avantages avec une mise à jour simplifiée. Un DUERP sous format digital permet aux collaborateurs et représentants du personnel d’y accéder plus facilement.
📌 Bon à savoir : Plusieurs solutions logicielles permettent de centraliser l’évaluation des risques et d’automatiser le suivi des plans d’action.
Depuis mars 2022, l'obligation de conservation du DUERP a été renforcée : il doit être conservé pendant 40 ans pour assurer la traçabilité des expositions professionnelles.
Quel que soit son support, le document unique doit être accessible aux salariés, aux représentants du personnel (CSE), aux services de santé au travail et à l'inspection du travail.

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Quelle est la fréquence de mise à jour ?
L’évaluation des risques évolue avec l’entreprise. Ainsi, le DUERP doit être mis à jour régulièrement :
- Annuellement pour les organisations de 11 collaborateurs et plus.
- Lors de modifications importantes des conditions de travail.
- À la suite d’un accident du travail ou d’un nouvel incident identifié.
Quels sont les risques en cas de non-respect du DUERP ?
Le non-respect des obligations liées au document unique expose l’employeur à une amende de 1 500 € par emplyé concerné (3 000 € en cas de récidive).
En cas de contrôle, l’Inspection du travail peut mettre en demeure l’entreprise de régulariser la situation et demander, en cas de danger grave et imminent, la fermeture administrative de l’établissement.
En cas d’accident du travail ou de maladie professionnelle, l’absence ou l’insuffisance du document unique d'évaluation des risques professionnels peut entraîner la reconnaissance d’une faute inexcusable de l’employeur, impliquant une indemnisation majorée du salarié victime.
Il est important de rappeler que les accidents du travail et maladies professionnelles reconnues par la Caisse Primaire d’Assurance Maladie ont un effet direct sur les cotisations AT/MP versées par l’employeur.
En cas de contentieux avec un employé, un DUERP absent ou incomplet peut être considéré comme un manquement grave à l’obligation de sécurité de l’employeur.
… Mais surtout une méthodologie d’analyse des risques
L’élaboration du DUERP repose sur une démarche méthodique qui permet d’identifier, d’analyser et de prévenir les risques professionnels. Pour être efficace, ce document doit être précis, exploitable et adapté aux réalités de chaque poste de travail.
Voici la méthodologie en 4 étapes pour élaborer un document unique :
1. Identifier les unités de travail et les postes concernés
L’évaluation des risques doit être réalisée par unité de travail. Une unité de travail correspond à un groupe de salariés exposés à des risques similaires du fait de leurs activités. Cela peut inclure un atelier, un bureau, un entrepôt, un chantier ou encore des équipes itinérantes.
Une fois ces unités définies, l’évaluation des risques doit être déclinée par poste de travail afin de cibler les expositions aux risques professionnels spécifiques et les mesures de prévention adaptées.
2. Recenser les dangers et analyser les risques
Chaque poste de travail doit être étudié pour identifier les risques professionnels auxquels les salariés sont exposés.
Les types de risques à identifier sont les :
- Risques physiques (bruit, vibrations, températures extrêmes, manutention).
- Risques chimiques (inhalation de substances toxiques, contact avec des produits dangereux).
- Risques biologiques (virus, bactéries, exposition à des agents infectieux).
- Risques ergonomiques (gestes répétitifs, postures prolongées, équipements inadaptés).
- Risques psychosociaux (stress, harcèlement, surcharge de travail).
L’INRS propose des grilles spécifiques par secteur d’activité pour faciliter cette identification.
3. Évaluer la gravité et la fréquence des risques
Pour prioriser les actions à réaliser, chaque risque doit être évalué selon deux critères. En fonction de sa probabilité d’occurrence (fréquent, occasionnel, rare) et en fonction de sa gravité (bénin, sérieux, critique).
4. Définir et mettre en œuvre des mesures de prévention
Une fois les risques classifiés, des actions concrètes doivent être mises en place pour éliminer ou réduire ces dangers.
Il existe 3 niveaux de prévention :
- Primaire (éliminer le risque à la source) : Ex. remplacer un produit chimique dangereux par une alternative moins nocive.
- Secondaire (réduire l’exposition au risque) : Ex. fournir des équipements de protection individuelle (EPI).
- Tertiaire (limiter les conséquences) : Ex. carte de secours en cas d’accident.
Si la classification des risques constitue une étape essentielle, elle ne suffit pas à garantir une protection efficace. Il est impératif d’accompagner cette étude d’un dispositif structuré, articulé autour de trois niveaux d’actions complémentaires : l’élimination des dangers à la source, la réduction de l’exposition et l’atténuation des conséquences.
Une telle approche ne se limite pas à une contrainte réglementaire, mais devient un véritable levier pour structurer et renforcer les processus en matière de santé et sécurité au travail.

Un dispositif au service de la prévention des risques
Un support indispensable pour les plans d’action
L’objectif premier du DUERP est de prévenir les accidents du travail et les maladies professionnelles. En identifiant et en évaluant les risques, l’entreprise peut effectuer des actions correctives adaptées pour réduire l’exposition des travailleurs à des dangers physiques, chimiques, psychosociaux ou ergonomiques.
Toutes les entreprises doivent accompagner le document unique d'évaluation des risques d’un plan d’action visant à réduire les risques identifiés.
Les sociétés de moins de 50 salariés doivent réaliser un support décrivant les mesures concrètes pour limiter les risques identifiés dans le DUERP. Ce document peut être intégré directement dans le document unique et doit être mis à jour en fonction des évolutions des conditions de travail.
Les sociétés de 50 salariés et plus ont le devoir d’élaborer un Programme Annuel de Prévention des Risques Professionnels et d'Amélioration des Conditions de Travail (PAPRIPACT).
Le PAPRIPACT doit détailler les mesures concrètes qui permettront de réduire les risques identifiés. Il repose sur une approche structurée qui précise non seulement les actions prioritaires à effectuer, mais aussi les ressources nécessaires à leur mise en œuvre et le calendrier associé.
Cette formalisation garantit une meilleure anticipation des risques et un suivi rigoureux des engagements pris par l’entreprise.
Au-delà de son rôle d’outil de conformité, le DUERP s’inscrit dans une véritable dynamique d’amélioration continue. Son intégration dans la stratégie globale de la société permet non seulement d’adapter les mesures de prévention aux évolutions du travail, mais aussi d’en faire un levier d’optimisation organisationnelle.
C’est dans cette perspective que les services RH ont un rôle clé à jouer, car la gestion des risques professionnels impacte directement la performance, l’engagement des salariés et la maîtrise des coûts liés aux absences et aux accidents du travail.
Un levier stratégique pour les services RH
Réduire le DUERP à une simple formalité administrative serait une erreur. Au-delà de son caractère obligatoire, il constitue un outil essentiel pour anticiper et maîtriser les risques professionnels. En identifiant précisément les postes exposés et en réalisant des actions adaptées, l’employeur agit directement sur la réduction des accidents du travail et leurs conséquences.
Cette démarche proactive permet non seulement de renforcer la sécurité, mais aussi de limiter les coûts liés à l’absentéisme et au remplacement des collaborateurs indisponibles.
Le document unique représente une preuve concrète de l’engagement de l’entreprise en matière de sécurité et de conformité réglementaire. Mais son impact dépasse largement le cadre juridique : une politique de prévention bien structurée se traduit par des bénéfices financiers directs, en diminuant les dépenses liées aux accidents et en optimisant la performance globale de l’organisation.
Un document bien conçu répond également aux attentes des salariés en matière de qualité de vie au travail. La prévention ne se limite pas aux risques physiques, elle englobe aussi les enjeux psychosociaux tels que le stress, la charge mentale et l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle. En intégrant ces dimensions, l’entreprise renforce son attractivité et fidélise ses talents.
Adopter une approche proactive des risques contribue également à valoriser la marque employeur. Une entreprise qui veille activement au bien-être de ses employés améliore son image et attire plus facilement de nouveaux collaborateurs.
Le document unique d'évaluation des risques professionnels peut aussi devenir un véritable outil du dialogue social, en associant les salariés et les partenaires sociaux à son élaboration. Un travail collaboratif entre les équipes, les représentants du personnel et les instances comme le CSE garantit un diagnostic plus précis des risques et des mesures de prévention plus efficaces. L’entreprise peut également s’appuyer sur l’expertise des services de santé au travail pour affiner son étude et renforcer son plan d’action.
Conclusion
Le DUERP ne doit pas être perçu comme une simple contrainte administrative, mais comme un levier stratégique au service de la santé et de la sécurité des collaborateurs. Lorsqu’il est élaboré avec rigueur et intégré dans une démarche proactive, il devient un outil essentiel pour anticiper les risques, réduire les accidents du travail et améliorer durablement les conditions de travail.
En instaurant une véritable culture de la prévention, l’entreprise sécurise son activité tout en renforçant son attractivité et sa marque employeur. Un document unique d'évaluation des risques bien construit permet ainsi de concilier obligations légales, performance organisationnelle et bien-être.
Investir dans une prévention efficace, c’est garantir un environnement de travail sain et sécurisé, favoriser l’engagement des équipes et inscrire l’entreprise dans une dynamique de progrès continu. Plus qu’un document réglementaire, le DUERP doit être envisagé comme le pilier d’une gestion responsable des risques professionnels.
Pour réaliser de la meilleure des manières le document unique d'évaluation des risques professionnels (DUERP), les professionnels RH peuvent s'appuyer sur un logiciel RH complet comme Kelio afin d'établir les risques professionnels concrets dans votre entreprise.